Ces derniers temps, la situation est explosive au Mali. En moins d’une semaine, près de 60 personnes ont péri suite à des attaques terroristes et des explosions de mines. Les victimes sont principalement de malheureux civils et des soldats maliens. Une situation chaotique qui arrive à un moment où, d’un côté, l’armée malienne a des difficultés à discipliner ses troupes qui souffrent apparemment du syndrome de la désertion chronique, et de l’autre, des civils qui commencent à se demander quand va cesser cet horrible cauchemar, quand soudainement, un tweet fait parler de lui.
C’est dans ce contexte tendu qu’un tweet a scandalisé bon nombre d’internautes maliens.
Suite à un tweet annonçant une attaque kamikaze qui a fait quatre morts du côté des Forces Armées Maliennes,
#Terrorisme : un #kamikaze à la ceinture explosive a été détruit ce matin, dimanche 28 janvier 2018 aux abords du poste #FAMa de la #GNM à #Ménaka. Malheureusement lors de cette opération, 4 personnels #FAMa ont trouvé la mort. pic.twitter.com/T9GXDEto2G
— Forces Armées Maliennes (@FAMa_Mali) 28 janvier 2018
le correspondant au Mali de RFI, France24 et FranceInfo s’est un peu lâché dans un tweet.
Véhicule suicide contre Barkhane, kamikaze contre Fama, ça prend une tournure sympathique ici.. #Mali https://t.co/ZB38mfjY3S
— Anthony Fouchard (@AnthonyFouchard) 28 janvier 2018
Pour moi, ce tweet n’est que de l’humour noir, mais comme vous le savez, le sens de l’humour c’est quelque chose de très subjectif, ça dépend d’où l’on se situe. Proche des victimes, journaliste étranger, un voisin du Mali, etc.
Evidemment le tweet n’a pas plu aux internautes maliens qui ne se sont pas gênés pour lui répondre. Citer ici les tweets des internautes maliens serait fastidieux, il faut retenir pour l’essentiel qu’ils se sont indignés qu’un « simple journaliste » qui, selon certains twittos, aurait été dégagé auparavant de la République Centrafricaine, puisse salir l’image de tous ces malheureux tués par les djihadistes. Pourquoi il ne fait pas de l’humour noir sur ce qui arrive en France ?
Il est important que des gens arrogants et méprisants envers le #Mali comme @AnthonyFouchard sachent que tout comme en #France, il est interdit de rire de certains sujets comme l’antisemitisme, au #Mali nous ne tolèrons pas que les gens rient des pertes en vies humaines. https://t.co/b5pzRmGpyq
— Ashley Leïla MAIGA (@AshleyLelaMAIGA) 28 janvier 2018
Le tweet de trop ?
Le tweet d’Anthony Fouchard pourrait bien être son dernier sur le sol malien. Quelques heures après son tweet, on apprend que le gouvernement malien s’en est mêlé : son accréditation est suspendue en attendant de savoir s’il est opportun de l’expulser comme cet instituteur français qui a évoqué l’Azawad dans un devoir de classe.
Très bonne nouvelle. Le Ministre de la Communication suspend @AnthonyFouchard pour commentaires inadmissibles sur le #Mali
— @ndeye_sissoko (@ndeye_sissoko) 28 janvier 2018
Et la liberté d’expression dans tout ça ?
Selon la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »
Bien que la liberté d’expression ne soit pas absolue, je ne pense pas que le tweet ait dépassé les limites.
C’est peut être parce qu’il est journaliste que le tweet pose tant de problèmes.
Il y a quelque temps, le New York Times a publié des règles que doivent suivre ses journalistes sur les réseaux sociaux, notamment traiter les internautes avec respect car « vos tweets n’engagent pas que vous. ». l’AFP s’est dotée d’une charte très précise à ce sujet, qu’on peux retrouver ici : rien ne peut obliger Anthony Fouchard à supprimer son tweet ou même présenter des excuses aux « sybilles » du net. Cependant il a posté une heure et demi après son tweet un autre précisant ses intentions.
Précision suite à mon tweet : l’idée était de souligner que les attaques suicides, qui n’étaient jusqu’alors pas un mode opératoire classique au Sahel, deviennent de + en + régulière. Ce qui va compliquer le travail des forces internationales et locales. 1/2 #Mali
— Anthony Fouchard (@AnthonyFouchard) 28 janvier 2018
Je ne supprimerai évidemment pas le tweet car il a été publié et rien ne se perd ici sur Twitter. Merci de lire les commentaires précédents qui normalement permettent de clôre le débat #Mali
— Anthony Fouchard (@AnthonyFouchard) 28 janvier 2018
Pour conclure :
. @AnthonyFouchard , Nous soutenons votre position et soutenons la liberté de la presse que le gouvernement de Bamako essaie de
— Ali Ag Mohamed | علي (@ALIUF) 29 janvier 2018
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