Un petit fait divers de l’actualité tchadienne a attiré mon attention : l’opération, brûler les diplômes.
Je vous explique le concept : des étudiants et quelques diplômés au chômage, depuis 10 ans pour certains, toujours dans leurs revendications se sont attroupés près de l’assemblée nationale et ont décidés de brûler leurs diplômes car selon les mots du leader du groupe :
« Les jeunes diplômés sont abandonnés à leur triste sort »
Des diplômés délaissés par l’Etat il y en a partout, surtout en Afrique où le chômage est quelque chose de banal. Mais des diplômés qui brûlent leur diplômes justes parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail, c’est la 1ere fois que j’en entends parler.
Le reflet du désespoir d’une jeunesse désorientée
La jeunesse tchadienne a toujours eu pour rêve de travailler dans la fonction publique. Jusqu’à aujourd’hui, la fonction publique a toujours été considérée comme l’unique aboutissement naturel de toutes nos études. Ainsi, on a beau travailler dans le privé, en freelance, c’est toujours considéré comme zéro par l’entourage qui est persuadé que l’avenir, c’est la fonction publique. Moi par exemple, parfois des proches me demandent si j’ai déposé pour l’intégration à la fonction publique, je dis que Oui, et tout d’un coup ils sont soulagés alors que personnellement je ne sais pas où en sont mes dossiers car je n’ai pas déposé par ambition, juste pour faire comme tout le monde, pour qu’on me laisse tranquille.
Ainsi le 1er réflexe de la majorité de nos diplômés c’est de déposer à la fonction publique puis attendre. Attente qui pour les moins chanceux est de 2, 3, 5 ans. Et pour les malchanceux jusqu’à 10 ans. Parce que faut l’avouer, chez nous si on n’est pas pistonné, faut être sacrement chanceux pour être à la fonction publique.
Ces derniers temps avec la crise, l’Etat étant incapable de payer le salaire des fonctionnaires à décidé de geler l’intégration à la fonction publique. Ce qui est, pour ceux qui attendent l’intégration depuis un bon bout de temps, le coup de grâce.
Alors il y a eu un sit-in devant l’Assemblée nationale et les étudiants ont tout simplement brûlé leurs diplômes pour exprimer leur mécontentement. Peut-être que c’est le reflet du désespoir d’une jeunesse désorientée, résignée qui a vu tous ses rêves de fonction publique dès l’obtention du précieux sésame qu’est le diplôme tomber à l’eau.
Mais brûler des diplômes n’est pas la solution
La meilleure solution pour ne pas trouver un emploi que ce soit dans le public ou le privé c’est de brûler son diplôme. Je me souviens qu’un jour j’avais fait un avion en papier avec une de mes attestations de licence en fredonnant SKYFALL, mais je n’ai pas eu l’idée de la brûler.
On n’a jamais vu un bûcheron briser sa hache parce qu’il n’a pas trouvé de bois à couper, on n’a pas vu de blanchisseur détruire ses sceaux d’eau faute de clients etc. etc.
Ce qui n’est pas précisé c’est qu’on ne sait pas si ce qu’ils ont brûlé c’était leurs diplômes originaux où des copies. De toute façon s’ils veulent, ils peuvent se faire délivrer des duplicatas, ce qui est certes un prêche dans le désert car s’il fallait manifester, faire des sit-in et s’immoler bruler des diplômes pour faire changer les choses au Tchad, ça se saurait.
La solution serait peut-être d’entreprendre
L’Etat n’est pas le seul employeur mais il est également difficile de travailler dans le privé à cause des exigences d’expériences, des qualifications et du nombre très restreints de places disponibles.
On peut tout de même essayer de monter sa propre boite et prendre un crédit, mais comme l’Etat est en crise et que de toute façon on ne prête qu’aux riches, revoir ses exigences à la baisse peut être salutaire. Les micro-crédits existent pour les petits commerces, et les conditions pour leur obtention sont à la portée de toute personne ayant un projet viable et surtout patient. Pour les rêveurs, il suffirait juste d’attendre et prier beaucoup en espérant que des arrêtés tombent du ciel.
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