Crédit:

L'effet lettre ouverte

Ces derniers temps, c’est devenu une coutume d’adresser des lettres ouvertes aux autorités dès qu’une chose nous déplaît en espérant ainsi pouvoir changer les choses.

Mais voilà, ces lettres ouvertes personne ne les lis. Ceux qui les envoient régulièrement ont dû oublier que le contexte tchadien est différent de celui des occidentaux.

C’est juste des lettres « ouvertes »

Depuis le début de l’année on a eu nos doses de lettres ouvertes, certaines provenant d’étudiants, d’ONG, d’opposants…

Je ne vous cache pas que le concept de lettre ouverte me déplaît. Écrire une lettre et au lieu de l’envoyer à son destinataire avec accusé de réception pour être sûr qu’il l’a lu, on la poste plutôt sur le net et ainsi tout le monde la lis sauf le destinataire en question.

J’imagine mal le Premier Ministre se faire imprimer chaque jour sa dose quotidienne de lettres ouvertes trouvées sur internet et même s’il les lis, va t-il se dire : « ces étudiants ont raison, faut faire quelque chose pour eux «  ou « les ONG ont raison faut stopper la censure du net » ? Évidemment non, la preuve, les étudiants tchadiens de Ouagadougou ne sont toujours pas satisfaits et la censure a encore de beaux jours devant elle.

Le comble c’est quand il y a une lettre ouverte demandant la démission du Président de la République car il est la cause des maux du pays. Je ne sais pas si un Président a déjà été assez fou pour démissionner suite à une lettre ouverte, mais sûrement pas le notre.

Ces lettres ont des effets discutés

Ces lettres, dès leur envoi, sont dans le néant. Une non existence car autant qu’une pétition virtuelle elles ne sont qu’une perte de temps pour ceux qui les lisent et ceux qui les écrivent.

Sûrement celui qui en écrit une se sent apaisé d’avoir accompli son devoir de révolutionnaire 2.0, se sent comme ayant mis une brique sur le grand chantier de la démocratie, surtout quand sa lettre reçoit des commentaires comme :

« bravo confrère, seule la lutte libère. Le combat continue…belle lettre. »

Car c’est connu, Ouattara et Gbagbo à force de recevoir des lettres ouvertes ont préféré quitter le pouvoir que de se faire assommer par ces lettres.

Je considère ces lettres comme l’expression d’une lâcheté déguisée sous les traits d’une nouvelle lutte qui privilégie plus l’inaction que la descente sur le terrain.

Vu comment c’est parti j’espère que désormais le gouvernement aura l’audace d’équiper les forces de l’ordre avec des lettres ouvertes pour enfin avoir la paix car c’est conventionnel et démocratique.

Annadjib

Partagez

Auteur·e

fatakaya

Commentaires