Annadjib Ramadane

Tchad : bientôt une plateforme sur l’Open data

Le samedi 4 mars est célébré la journée international de l’Open data par tout les amoureux des données, et surtout des données ouvertes.

L’Open data ou donnée ouverte est une donnée qui est publique, c’est à dire disponible, réutilisable et redistribuable par tous. Tout cela dans une philosophie de partage du savoir.

Focus sur l’Open data day

Open data. Credit photo flickr

Du Benin à Cuba, de Londres à Québec, l’ #OpenDataDay est célébré par différentes associations, institutions et Fablab qui profitent de la journée pour en parler à travers ateliers, conférences et campagnes de sensibilisations à l’égard d’États et institutions encore récalcitrantes à l’idée de rendre leurs données accessibles car l’Open data par sa transparence est aussi un gage de démocratie, donc fait peur.
À l’exemple de l’association des blogueurs du bénin qui à profité de l’événement pour organiser un atelier avec pour thème : Apprendre et comprendre l’intérêt des données ouvertes comme levier de transparence.

 

En Afrique plusieurs pays se sont dotés de sites dans lesquels on trouve toutes les données ouvertes les concernant, à l’exemple du Burkina Faso

Alors qu’en est-il de l’Open data au Tchad ?

Au cours de mes recherches pour écrire sur le Tchad, toujours les mêmes difficultés, pas de données fiables à part quelques anciennes études sur la population  et dans la plupart des cas, pas du tout de données.

Ce qui est vraiment désolant quand on fait du Data journalisme, à se demander si on a vraiment un institut national des statistiques.

DaTchad, la plateforme qui veut révolutionner l’Open data au Tchad

Logo Datchad

DaTchad est un projet de conception et de mise en ligne d’une plateforme de données statistiques au Tchad.

Le projet est porté par Salim Azim  entrepreneur et blogueur tchadien passionné par les Tics.

Cette plateforme web permettra concrètement de mettre à disposition de toute personne le désirant, des données pertinentes sur les problématiques de développement (santé, éducation, logement, travail…) à la société tchadienne.  La possibilité sera également donnée aux utilisateurs de la plateforme de:

  • télécharger des formulaires administratifs dont les accès sont souvent compliqués à cause des fonctionnaires véreux,
  • comparer les données
  • consulter des résultats de concours, baccalauréat…
  • disposer d’archives ouvertes…

À long terme DaTchad répondra également aux questions liées à la citoyenneté telles que le suivi des élections, des promesses électorales.

Annadjib


Tchad : la twittosphère a enfin son hashtag

Il y a quelques temps, on constatait que la twittosphère tchadienne n’avait toujours pas de mot clé propre à elle à part les traditionnels « Tchad », « Chad » et « Team235 ». C’est dans l’optique de faciliter l’accès aux contenus ayant un rapport avec le Tchad et d’avoir plus d’impact, qu’on s’est rendu compte de la nécessité d’un mot clé pour Twitter Tchad.

Alors pour trouver ce mot clé, il fallait du concret

Un simple constat sur un blog ne suffisait pas pour avoir un mot clé, on a d’abord sensibilisé et rassemblé quelques propositions sur Twitter. On a profité du Barcamp de la 2nd édition de la semaine du numérique pour lancer la campagne : Un hashtag pour le Tchad

On a exposé et discuté du problème devant un public dont la majeure partie ne savait pas ce qu’était un hashtag, et dans la soirée le vote a été lancé sur les 10 propositions de hashtag retenus.

Après la clôture du vote, un travail d’élimination (qu’on a oublié de faire en amont) de certains termes déjà utilisés sur Twitter a été fait.

Et enfin… On a trouvé notre hashtag

Suite à diverses critiques et l’envie de régler une fois pour toutes cette histoire :

 

on annonça finalement le hashtag choisi :

 

le hashtag sélectionné fut Adjib, terme marquant l’étonnement, il signifie : étonnant.

Bien qu’il ne soit pas encore utilisé par la majorité des twittos tchadiens, Adjib séduit de nouveaux utilisateurs quotidiennement et plus de 500 tweets ont déjà été mentionnés avec.

On y parle de tout, politique, divers, tout ce qui peut susciter débat ou pas.

 

 

la twittosphère tchadienne s’unit, s’épanoui en espérant un jour un compte Twitter tchadien certifié.

 

Annadjib

 


Santé publique : lancement de la campagne #RégléeCommeElle

Violences, mutilations, mariages précoces et humiliations sont le lot quotidien d’une partie des tchadiennes. Leur place dans la société, bien qu’on soit au 21ème siècle n’est pas de choix et certains domaines importants de leur éducation sont encore zappés par l’Education Nationale. Notamment l’éducation et l’hygiène sexuelle qui existent déjà dans plusieurs programmes scolaires des pays de la sous-région.
Ainsi parlant d’éducation sexuelle et principalement d’hygiène, un point important pour les filles est presque jamais abordé par les parents, que ce soit le père ou la mère, la question générale des règles est traitée à la va-vite. Le père, le frère et l’époux tchadien, même dans le pire des cas, n’abordent jamais la question des règles avec ses femmes avec qui ils partagent leur quotidien. Cet état de fait est dû au caractère tabou de « la chose ».

D’où surgissent des problèmes

La femme tchadienne est principalement ménagère, dans certaines tribus, elle ne reçoit les bases de son éducation et hygiène sexuelle qu’a l’approche du mariage. Mais le problème posé ici c’est que l’actuelle jeune fille tchadienne est principalement scolarisée et certaines ont eu « le malheur » d’avoir pour la 1ère fois leurs règles sur les bancs de l’école, suscitant ainsi mépris, dégoût de leurs camarades qui ne comprennent rien de ce phénomène inévitable.

La jeune fille recevra des conseils parfois avisés et malheureusement dans la plupart  des cas insuffisants pour gérer ses menstruations. L’important pour elle sera juste de savoir à quelle date se présentent les « bérets rouges » comme elles les appellent ici, et juste pouvoir stopper ce flux de sang par n’importe quel moyen, celles ayant un peu de moyens pourront utiliser les lingettes et cotons bon marché qu’on vend dans toutes les boutiques et d’autres des lingettes plus adaptées.

La provenance des serviettes étant inconnue, plusieurs problèmes se posent :

  • Ils ne sont pas adaptés à tous
  • Parfois ils causent des irritations et infections

La campagne #RegléeCommeElle

Affiche de la campagne #RegléeCommeElle . cc Entreprendre l’Afrique

En vue de répondre aux problèmes posés par le caractère tabou de l’éducation et l’hygiène sexuelle au Tchad, Entreprendre l’Afrique en partenariat avec WenakLAbs lance la campagne de collecte de produits d’hygiène intime pour les jeunes filles au Tchad#RegléeCommeElle, le but de la campagne étant de :

  1. Collecter des produits d’hygiènes intimes
  2. Faire une campagne de sensibilisation de masse dans les villes et les villages
  3. Plaidoyer pour l’introduction d’un programme « d’Education à la Vie Familiale » au collège (de la 6ème à la 3ème)
  4. Créer avec le soutien des ONG et autres bailleurs des centres d’écoute et de conseils des jeunes filles mais également des infirmeries dans les écoles publiques qui n’en ont pas

Cette situation étant source de nombreux problèmes de santé de reproduction, de troubles psychologiques et surtout un frein majeur à la scolarité de ces filles, la campagne espère avec l’aide de tous pouvoir assurer une meilleure hygiène de vie à toutes ses femmes qui nous sont si chères.

Pour nous contacter : contact@entreprendrelafrique.com

Vous pouvez aussi lire un autre article de la campagne ici

Annadjib


​Tchad : mes débuts à l’université

Décembre 2012, les étudiants de 1ère année sont enfin autorisés à commencer les cours, à la suite d’une histoire de re-correction et de 2ème tour du baccalauréat… la rentrée avait pris du retard car il était impossible de commencer les cours sans que tout les bacheliers soient fixés sur leur sort. L’université d’Abéché, située à 900 km de N’Djaména, la capitale, est célèbre. Son renom vient du fait que là bas les années élastiques sont rares, le calendrier y est respecté. Vu que j’ai beaucoup de famille à Abéché, il n’y avait pas beaucoup de suspens sur le début de mon parcours universitaire…
Alors que plusieurs de mes camarades du lycée étaient déjà sur place pour la première journée de cour, avec un cour de Droit Constitutionnel, moi j’étais encore à Ndjaména pour diverses raisons et je le harcelais par mes appels téléphoniques :

-Haggar, N’oublie pas de me garder une place !

– Haggar, est-ce que le prof a beaucoup écrit ?

– Haggar ! Vous êtes combien ? Vous êtes nombreux ?

En fait, ça ne servait à rien de déranger les gens à distance… finalement je suis arrivé à Abéché avec 3 jours de retard sur les cours.
Premier jour, premières désillusions

Université d’Abeché. Cc : Annadjib

La première fois que j’ai mis les pieds à l’université, j’étais escorté par un oncle, pour que je ne me perde pas et probablement aussi pour alimenter pour un temps la rubrique faits divers de mon nouveau quartier d’accueil…

Arrivé devant l’amphithéâtre, j’ai remarqué que le prof s’était absenté un moment, j’en ai profité pour entrer dans la  grande salle de cours, une salle pleine à rabord avec près de 300 étudiants. Quasiment toutes les places étaient occupées, j’avançais vers le fond où j’avais remarqué une table et un banc à moitié poussiéreux mais libre. Pendant mon entrée dans l’amphithéâtre, je remarquais que ça criait comme dans un stade de foot, avec des insultes : « Massas ! Massas* » et autres termes incompréhensibles pour le nouveau que j’étais .Puis le prof arriva et le calme s’installa enfin.
Pendant le cour je remarquais plusieurs choses :

  • Il fallait écrire très vite et même sauter des paragraphes entiers si on voulait rester à jour, car ici c’est pas comme le lycée où le prof répète et répète encore.
  • Quand un étudiant posait des questions, les autres criaient pour que le prof ne puisse pas répondre.
  • Concernant les filles, sortir et entrer pendant le cour est suivi de grands cris et d’insultes dignes de mâles surexcités.

Le cour se termina enfin, après sept longues heures d’écriture !

Un vieil ami du lycée  m’approcha et me révéla quelques secrets :

  1. À l’Université on a pas de place réservée et fixe. Le premier arrivé  s’asseoit où il veut.
  2. Les cris suivi de « Massas » à mon entrée s’adressaient en fait à moi.

Familiarisation avec le nouvel environnement

Il ne m’a pas fallut beaucoup de temps pour me familiariser avec l’environnement universitaire.
À force d’observations j’ai remarqué que dans l’écosystème universitaire il y avait plusieurs espèces, voici les principales  :

1- Les tomes :

Avec nous, il y avait beaucoup d’anciens, les « tomes » comme on les appelle. Plus ils redoublaient, plus les galons venaient s’ajouter à eux. Ainsi il y avait des Tome 1, des Tomes 2 et ce jusqu’aux plus redoutables, les Tome 4 et 5 . Les tomes sont respectés par leurs confrères, ce sont eux qu’on retrouve au fond des amphithéâtres à faire du bruit et à perturber les profs.

2- Les killers :

Les Killers sont des profs réputés être cruels, ils lésinent à donner des points aux étudiants, ils sont surtout connus pour la dureté de leurs épreuves et la rigueur de leurs corrections. Les 5/20 et 4/20 sont courants avec eux.

3-Les nouveaux : 

Les nouveaux sont reconnaissables à leur grand sourire, leur présence à tous les cours et surtout à leur look de lycéen : cheveux bien peignés, habits repassés. Attitude qui disparaîtra dès les résultats des premiers examens pour laisser place à des cheveux ébouriffés et à des yeux hagards.

4-Les étudiants chercheurs :

Les étudiants chercheurs sont ceux qui, comme les nouveaux, viennent tous les jours à l’université, qu’il y ait cours ou pas. Ils passent la plupart du temps à la bibliothèque à lire, relire ou photocopier des livres qu’ils ne comprennent parfois même pas.

Le temps est passé, je me suis familiarisé avec les notes catastrophiques, le rythme universitaire et je séchais même les cours.

À la fin j’ai compris que les anciens avaient raison quand ils disaient :

À l’Université c’est pas l’intelligence qui compte, mais l’endurance.

 

*Massas : signifie « sorcier » en arabe tchadien.

Billet dédié à toute la promotion de 2012 de l’Université d’Abéché.

Annadjib


Tchad : brûler nos diplômes et ensuite ?

Un petit fait divers de l’actualité tchadienne a attiré mon attention : l’opération, brûler les diplômes
Je vous explique le concept : des étudiants et quelques diplômés au chômage, depuis 10 ans pour certains, toujours dans leurs revendications se sont attroupés près de l’assemblée nationale et ont décidés de brûler leurs diplômes car selon les mots du leader du groupe :

« Les jeunes diplômés sont abandonnés à leur triste sort »

Des diplômés délaissés par l’Etat il y en a partout, surtout en Afrique où le chômage est quelque chose de banal. Mais des diplômés qui brûlent leur diplômes justes parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail, c’est la 1ere fois que j’en entends parler.

Le reflet du désespoir d’une jeunesse désorientée 

La jeunesse tchadienne a toujours eu pour rêve de travailler dans la fonction publique. Jusqu’à aujourd’hui, la fonction publique a toujours été considérée comme l’unique aboutissement naturel de toutes nos études. Ainsi, on a beau travailler dans le privé, en freelance, c’est toujours considéré comme zéro par l’entourage qui est persuadé que l’avenir, c’est la fonction publique. Moi par exemple, parfois des proches me demandent si j’ai déposé pour l’intégration à la fonction publique, je dis que Oui, et tout d’un coup ils sont soulagés alors que personnellement je ne sais pas où en sont mes dossiers car je n’ai pas déposé par ambition, juste pour faire comme tout le monde, pour qu’on me laisse tranquille.

Ainsi le 1er réflexe de la majorité de nos diplômés c’est de déposer à la fonction publique puis attendre.  Attente qui pour les moins chanceux est de 2, 3, 5 ans. Et pour les malchanceux jusqu’à 10 ans. Parce que faut l’avouer, chez nous si on n’est pas pistonné, faut être sacrement chanceux pour être à la fonction publique.

Ces derniers temps avec la crise, l’Etat étant incapable de payer le salaire des fonctionnaires à décidé de geler l’intégration à la fonction publique. Ce qui est, pour ceux qui attendent l’intégration depuis un bon bout de temps, le coup de grâce.

Alors il y a eu un sit-in devant l’Assemblée nationale et les étudiants ont tout simplement brûlé leurs diplômes pour exprimer leur mécontentement. Peut-être que c’est le reflet du désespoir d’une jeunesse désorientée, résignée qui a vu tous ses rêves de fonction publique dès l’obtention du précieux sésame qu’est le diplôme tomber à l’eau.

Mais brûler des diplômes n’est pas la solution

La meilleure solution pour ne pas trouver un emploi que ce soit dans le public ou le privé c’est de brûler son diplôme. Je me souviens qu’un jour j’avais fait un avion en papier avec une de mes attestations de licence en fredonnant SKYFALL, mais je n’ai pas eu l’idée de la brûler.

On n’a jamais vu un bûcheron briser sa hache parce qu’il n’a pas trouvé de bois à couper, on n’a pas vu de blanchisseur détruire ses sceaux d’eau faute de clients etc. etc.

Ce qui n’est pas précisé c’est qu’on ne sait pas si ce qu’ils ont brûlé c’était leurs diplômes originaux où des copies. De toute façon s’ils veulent, ils peuvent se faire délivrer des duplicatas, ce qui est certes un prêche dans le désert car s’il fallait manifester, faire des sit-in et s’immoler bruler des diplômes pour faire changer les choses au Tchad, ça se saurait.

La solution serait peut-être d’entreprendre

L’Etat n’est pas le seul employeur mais il est également difficile de travailler dans le privé à cause des exigences d’expériences, des qualifications et du nombre très restreints de places disponibles.

On peut tout de même essayer de monter sa propre boite et prendre un crédit, mais comme l’Etat est en crise et que de toute façon on ne prête qu’aux riches, revoir ses exigences à la baisse peut être salutaire. Les micro-crédits existent pour les petits commerces, et les conditions pour leur obtention sont à la portée de toute personne ayant un projet viable et surtout patient. Pour les rêveurs, il suffirait juste d’attendre et prier beaucoup en espérant que des arrêtés tombent du ciel.

Annadjib


​Je suis tchadien, la crise est une opportunité pour moi

La vache est maigre, les 16 mesures, serrez vos ceintures… sont les nouveaux slogans que les politiques scandent depuis un bon moment pour faire passer l’amère pilule de la crise économique. Une crise qui rend de plus en plus pessimiste sur l’avenir du pays et de ses citoyens, surtout ceux qui dépendent en grande partie de l’Etat. Plus précisément les fonctionnaires, les étudiants et ceux qui attendent toujours leur fameuse intégration à la fonction publique qui relève désormais plus du mythe que d’un futur proche.
Alors, plutôt que de rester prisonnier du pessimisme tchadien, entre mauvaise foi et orgueil démesuré, je préfère tout simplement relativiser et voir dans cette crise une opportunité pour moi.

La crise, une opportunité pour me remettre en question

Avec la crise, je me suis rendu compte que tout l’hypothétique postulat par lequel je construisais mon futur était en fait, bancal, inadapté à mes aspirations. En fait, avais-je vraiment un rêve ?

Je croyais comme la majorité de ma génération que la fonction publique, était le seul débouché de toutes nos interminables études, qu’il n’y avait rien de mieux pour moi que sortir tôt de la maison et revenir le soir tout fier de dire ‘’je suis un fonctionnaire’’

Peut-être qu’à l’époque ou l’Etat tchadien était encore jeune, et avait besoin de l’aide de tous ses fils, être fonctionnaire était louable. Mais aujourd’hui, les fonctionnaires ne manquent pas, l’Etat n’arrive plus à virer les salaires et bientôt y’aura plus de candidats à la fonction publique que de fonctionnaires eux-mêmes.

Ce rêve était en fait biaisé et inadapté aux évolutions du monde dans lequel on vit. Quitte à rêver d’un avenir radieux, autant mettre la main et la patte et construire nous-même notre futur et laisser l’Etat en paix.

La crise, une opportunité pour moi d’entreprendre

Y’a quelques mois, je parlais de ceux qui ont choisis de rester chômeurs  et comme la crise ne résout rien, c’est mieux de s’inspirer du parcours de tous ceux qui ont réussis sans l’aide de l’Etat, ces self-made-man qui se sont construit un empire grâce à l’entreprenariat. Pourquoi ont-ils réussis et pas moi ?

L’entreprenariat au Tchad est encore méconnu et ce n’est pas les domaines ou entreprendre qui manquent. Sante, agriculture, numérique, alimentaire, éducation, vestimentaire etc. sont  des domaines encore quasiment inexploités. On se plaint constamment de notre misère, accusant l’Etat, pendant ce temps les marques de vêtements, des pâtisseries, des restaurants, des hôtels appartenant tous à des expatriés produisant du « made in Tchad » et se partagent sans grandes difficultés le marché.

On me dira qu’il est difficile d’entreprendre sans financement de l’Etat, mais ce n’est pas uniquement l’Etat qui finance les projets, chaque jour je tombe sur des appels à candidature de financement de projets de la part de divers organismes internationaux. Si l’on avait le cran d’oser et de proposer des projets viables, on gagnerait surement. En attendant, le peuple paresseux préfère attendre de l’aide.

La crise, une opportunité pour moi de laisser l’Etat tranquille

Si l’Etat n’a plus rien, que gagne-t-on à le critiquer, à comparer jour et nuit notre situation à celles des pays  voisins ?

Je propose qu’on laisse tout simplement l’Etat dans son coin et que tout le monde mette la main à la pâte pour changer notre situation car un Etat ne se développe pas uniquement grâce aux gouvernants.

En criminologie on dit « chaque société a les criminels qu’elle mérite »  Peut être qu’en réalité on est la cause et le remède de la crise.

Annadjib


Geek et tchadien, un non sens ?

Selon les diverses définitions que j’ai pu récolter sur divers sites, un Geek est une personne qui est passionné et possède de grandes connaissances dans des domaines précis, pour la plupart lié à l’imaginaire tel : les jeux vidéo, les films et séries de science-fiction, les smartphones, les mangas, les comics, les nouvelles technologies et l’informatique. 

Ayant été moi aussi un geek dès ma tendre enfance, y’a quelques trucs qui mettent des bâtons dans les roues :

Les difficultés d’accès à internet 

Dans une époque où toutes les actualités, les discussions et les nouveautés passent par internet, nous ici on se sent un peu handicapés, car parfois, même quand on a la connexion internet, les tarifs et les débits nous handicapent, on ne peut pas lire tout un scan d’un manga ou de comics avec nos maigres forfaits, impossible de voir des vidéos en streaming. Parfois on se contente juste de suivre des discussions, eh oui, pour participer faut avoir quelque chose à dire, une analyse à faire sur la nouveauté.

Pour vivre à fond sa passion de geek, vous l’aurez compris, il faut être constamment à jour, quand on aime les séries, les films ou les jeux vidéo,  il faut absolument les voir ou se les procurer, ce qui n’est pas facile dans nos pays en manque de salles de cinéma à jour. Parfois je visionne certains mangas et comics trois ans après leur sortie !

Mangas : Cc flickr

Pas de vendeurs spécialisés ni de salle de cinéma à jour

Si l’on veut avoir de nouveaux mangas, on doit absolument attendre que les CD piratés arrivent sur le marché, pour les comics et BD, le seul commerçant qui en vendait a arrêté, il s’est mis à la vente de crèmes ! Je le comprends, il n’avait qu’un seul client…

Quant à notre cinéma national, il n’est pas vraiment à jour, les fans de Stars Wars avaient déjà pu voir Rogue Nation grâce aux CD piratés que le cinéma s’est finalement décidé de programmer, à croire que notre cinéma utilise aussi des CD piratés !

Un manque de compréhension de l’entourage  

Il est parfois difficile d’expliquer aux parents l’importance que représente pour moi le fait de se procurer la Ps4 ou un ordinateur portable surpuissant pour pouvoir jouer calmement à Call of Dutty et à Tekken. La discussion est interminable quand je parle de la nécessité pour moi d’avoir un nouveau téléphone alors que je ne reçois presque jamais d’appels.

Vieilles consoles de jeux. Cc : flickr

Quand un grand frère me trouve entrain de regarder des mangas à la télé ou sur mon pc, avec en bonus des fonds d’écrans dit « enfantins » il dit juste : Adjib*

Du coup j’ai compris pourquoi les geeks préfèrent s’isoler, c’est pour qu’on ne les juge pas.

Alors, j’ai trouvé la solution pour vivre ma passion à fond

Le secret pour être un geek heureux au Tchad c’est :

1-Ne pas expliquer sa passion

2-S’auto suffire

La solution efficace c’est de ne pas expliquer sa passion à quelqu’un qui de toute façon n’y comprendrait rien, et surtout s’auto suffire, car, quand on ne dépend de personne, personne n’a le courage de vous faire des reproches.

Un geek. Cc : pixabay

Pendant ce temps les geeks tchadiens continuent leur longue traversée du désert entre piratages, retard et précarité.

Adjib* : étonnant

Annadjib le (@GeekDuSable )


Mes débuts en cuisine

Avant mon deuxième cycle universitaire je n’étais pas obligé de faire de la cuisine, car chez nous la cuisine est exclusivement réservée aux femmes, un sanctuaire qu’un non initié ne peut fouler impunément au risque d’y perdre des plumes.

Puis pour des raisons universitaires, je me suis retrouvé seul dans une chambre, loin de la famille et, pour éviter les dépenses excessives et les aliments douteux, je me suis improvisé cuisinier.

La cuisine j’en connaissais déjà les bases, j’étais un pro en omelettes, en avocats et en sardines !

Mais il a fallu évoluer car à long terme ça lassait. En plus on m’a toujours conseillé de manger des aliments chauds car le froid et les aliments légers ça donne le paludisme.

Alors je me suis mis à cuisiner comme tous les étudiants

J’ai adopté le régime alimentaire de tous les étudiants : le R-P-R ou Riz-Pâtes-Riz. Parce que ce n’est pas cher et c’est rapide à cuisiner, pour peu qu’on s’y connaisse en cuisine.

J’ai commencé par les spaghettis :

Par fierté j’ai refusé de lire des tutoriels sur la cuisson des spaghettis, j’ai préféré improviser et les premiers spaghettis sortis de la marmite étaient selon les commentaires de quelques amis :

-Trop salés, tu sais que l’abus de sel rend aveugle !?

-Trop secs

-C’est quelle marque de spaghettis ?

-De toute façon moi à N’Djamena, je mangeais rarement les spaghettis

Pourtant il est écrit sur les sachets de spaghettis que ça cuit en 5 minutes. Encore une publicité mensongère.

Crédit photo : Dessin animé Disney/Pixar RATATOUILLE

Puis le riz :

Le riz avait l’air facile à cuire, mais les commentaires ont débutés dès  la cuisson :

-Attention ! On ne tourne pas le riz dans la marmite, ce ne sont pas des spaghettis

-Pas assez cuit, fallait rajouter de l’eau

Et enfin le plus dur, la sauce :

N’étant pas un pro, j’avais mes limites, je n’allais donc pas dès le premier jour me lancer une sauce à l’oseille ! J’ai décidé de m’entrainer à faire des sauces tomates, et ce jour-là j’ai appris plusieurs choses :

La différence entre une soupe et une sauce c’est que la soupe est transparente.

On fait toujours cuire la viande avant de la rajouter à la sauce.

Crédit photo : Dessin animé Disney/Pixar RATATOUILLE

Je n’étais malheureusement pas doué en cuisine

J’ai dû faire un « stage » chez un ami

J’ai mis ma fierté saiyan de côté et je suis allé chez un ami pour qu’il m’apprenne ses secrets, car il était vraiment doué ; tellement doué qu’il a dû, lui aussi apprendre chez quelqu’un !

J’ai appris les bases de la cuisson, j’ai appris à bien assaisonner et à  limiter l’huile car son abus n’est pas bon pour la santé.

Je me débrouille pas mal désormais, et je ne risque plus d’intoxiquer quelqu’un !


Les défis du numérique au Tchad

La culture du numérique est faible, quasiment inexistante au Tchad. Cela s’explique par le fait que, pour la jeunesse tchadienne, Internet ici n’est rien d’autre qu’un luxe et quand on l’utilise c’est uniquement pour se rendre sur les réseaux sociaux. Les métiers du web et ses réelles potentialités sont méconnues. Les acteurs du numérique au Tchad font donc face à beaucoup de difficultés.

Le commerce en ligne toujours embryonnaire

Pendant que des groupes comme Jumia dominent le secteur du commerce en ligne dans le continent, ici, il est quasiment inexploité, avec une seule entreprise vraiment opérationnelle à ce jour, et cette dernière n’a pas un très bon chiffres d’affaire. La majeure partie des consommateurs ne sait pas comment fonctionne une carte électronique. Par ignorance et par peur de l’arnaque, ils ne font pas confiance aux sites de ventes en ligne. Au Tchad, on est pas à l’aise devant un prix fixe : on aime négocier. Point de boite postale, la livraison pose donc problème. Quelques petites entreprises préfèrent se faire payer lors de la livraison. Les entreprises de commerce en ligne ont fait l’erreur de débarquer du jour au lendemain sans étudier l’environnement tchadien et évidemment, sans expliquer simplement ce qu’est le commerce en ligne. Les entreprises commencent à cibler  les expatriés et les cadres supérieurs, une tactique, qui, à long terme, leur coûtera énormément.

Le dilemme du contenu de qualité tchadien

Le principal défis des créateurs de contenu tchadien sur le web c’est de tout miser sur la qualité et principalement de cibler les Tchadiens. Parce qu’on juge la pertinence d’un contenu par les retours de la communauté à laquelle il s’adresse. Des sites web, des blogs, des chaines YouTube voient le jour, mais malheureusement, abandonnent rapidement car l’indifférence de la grande majorité du public est un obstacle infranchissable. Il est impossible pour un lycéen ou un étudiant d’ouvrir une vidéo YouTube à cause de nos forfaits qui ne le permettent pas. Regarder une vidéo implique de dépenser une grande partie de son forfait, très onéreux.

Quand il est question d’ouvrir un lien ou d’apporter des retours sur un sondage, un article ou une étude, il n y a presque personne. Alors devrions-nous continuer à produire du contenu tchadien ? Oui. Je dirais que tout dépend de la motivation, mais dans les sites collaboratifs comme Wikipédia c’est presque impossible sans l’aide de la communauté. Toujours dans l’optique du contenu tchadien collaboratif, le site Wiki Hanana , un Wikipédia tchadien a été créé, mais malheureusement n’a toujours aucune contribution de membres.

La solution serait d’abord d’intéresser les internautes

Des jeunes s’intéressent un peu plus au numérique, c’est dans ce sens que l’associations Wenaklabs organise depuis 1 an déjà L’heure Du Net, qui est un rendez-vous bimensuel d’apprentissage et de vulgarisation sur les TIC. C’est ouvert à tous, les participants et invités sont en légère augmentation, mais le manque de sponsors est un frein à la rencontre.

Journalisme citoyen et son impact sur les medias, à l’heure du net

Les invités et participants ont parfois besoin d’une connexion internet, mais jusque là, chacun se débrouille pour sa connexion.

Et enfin les impliquer

Former quelqu’un en blogging c’est bien, mais combien s’impliqueront vraiment dans le domaine?

Intéresser est plus facile qu’impliquer quelqu’un dans le numérique. Surtout l’internaute tchadien qui justifie tout retard par le tarif de la connexion internet. Les passionner et les sensibiliser sur la nécessité de leur contribution dans le numérique tchadien est la seule solution.

Annadjib


Tchad : la fermeture de la frontière avec la Libye est un calvaire pour la population

Le Tchad ferme sa frontière avec la Libye

Jeudi 5 janvier, le premier ministre tchadien a annoncé la fermeture de la frontière nord du pays avec la Libye dans un message radiotélévisé. Le Tchad et la Libye c’est plus de 1000 kilomètres de frontière qui, depuis le conflit des années 80, était ouverte.

Le gouvernement justifie la fermeture pour des raisons sécuritaires, il a fait état d’« une potentielle grave menace d’infiltration terroriste ». La frontière est en effet poreuse et, depuis la crise libyenne, elle est devenue un véritable nid à calamités comme le terrorisme et les rébellions.

On pourrait s’arrêter là car défendre le territoire national est l’un des devoirs de l’État, mais cette fermeture est un véritable calvaire pour les populations.

La situation particulière du nord

Le nord du Tchad c’est 3 régions, Bourkou, Ennedi et Tibesti. Le point commun entre ces régions c’est qu’elles sont plus proches des grandes villes libyennes que des grandes villes tchadiennes.

Carte du Tchad

 

La ville libyenne la plus proche de la frontière est Al khoufra, elle est à  750 km d’Ounianga kebir qui se trouve au nord du TchadTandis que N’Djamena, la capitale tchadienne, se trouve à plus de 1300 km d’Ounianga Kebir… quasiment le double en distance !
On peut donc dire que les villes de l’extrême nord du pays dépendent plus des villes libyennes, qui sont géographiquement beaucoup plus proches, que des grandes villes du Tchad.

Nord du Tchad. Credit photo Rfi

 

Des liens historiques et économiques

Historiquement, le Tchad a des tribus communes avec la Libye, les Toubou en sont le parfait exemple.

Credit photo
Les Toubous sont aussi présents au Niger. Crédit photo : Tamoudre.org

 

Les relations commerciales se font principalement avec la Libye qui approvisionne à 90 pour cent le nord du Tchad.

Aussi, les populations préfèrent aller se soigner là bas car on y trouve des soins de qualité.

Des Nomades. Crédit photo Rfi


Les problèmes que cause la fermeture de la frontière

Jusqu’ici, malgré l’insécurité frontalière, les échanges économiques continuaient tant bien que mal.

La subite fermeture de la frontière va s’accompagner d’une hausse du prix des produits qui viendront désormais d’Abéché (à l’Est) et du centre.

Les populations qui voudront des soins de qualité devront aller soit à la capitale, soit au Soudan voisin proche d’Abéché.

Avec la crise que vit déjà le Tchad, c’est un problème de plus qu’on ne résoudra pas de sitôt.

Annadjib