Crédit:

Ces signes qui annoncent le ramadan à N'Djaména

On est à N’Djaména, capitale de la république du Tchad. La température avoisine en moyenne pendant les mois d’avril et de mai les 40° C. Malgré cette température qui, sous d’autres cieux, pourrait aisément être qualifiée de canicule, la vie suit son cours à N’Djaména. Chaque jour, les véhicules et motos défilent à toute allure sur le bitume chaud et poussiéreux. Les vendeurs ambulants, les yeux plissés et les bras chargés de marchandises se faufilent tant bien que mal dans les rues étroites et bondées des marchés de la capitale. Devant les maisons, les jeunes allongés sur des nattes, s’entassent sous l’ombre des arbres et s’éventent tout en buvant du thé bien chaud…
Malgré ce quotidien relativement calme, les plus observateurs ont déjà pu constater que le mois de ramadan n’est pas loin. Pas parce qu’ils ont vu un quelconque calendrier, mais parce qu’ils peuvent déceler à travers ce qui se passe à N’Djaména, les signes annonciateurs de ce mois sacré.

Une odeur d’« Almé Abré » dans les rues

Almé Abré, ou littéralement « eau d’Abré » est une boisson fraîche qu’on consomme au Tchad lors de la rupture du jeûne. La boisson résulte d’une préparation faite à base de mil fermenté, mélangé à des fleurs hibiscus et divers arômes, dont principalement le gingembre et la cannelle.

Almé Abré
C’est cette mixture, qui, une fois cuite, devient l’Abré. Photo : Annadjib Ramadane.

Une fois les ingrédients mélangés, la mixture est cuite dans une grande poêle jusqu’à ce qu’elle ressemble à une sorte de grande crêpe rouge et sèche.
C’est le produit fini, qui, après avoir été placé dans de l’eau froide pour un moment, est filtré et donne une boisson légèrement rouge au gout fort. On y ajoute du sucre selon notre convenance.
L’une des particularités de cette boisson, c’est qu’on ne la consomme que pendant le ramadan. Alors, à l’approche du mois sacré, certaines femmes préparent ça chez elles, en quantités destinées à la vente. C’est ainsi que dans les rues de N’Djaména, on peut sentir un peu partout l’odeur forte et particulière de ce mélange. Une odeur qui fait directement penser au ramadan.

Les mariages du ramadan

Autre chose qu’on remarque à l’approche du ramadan à N’Djaména, c’est une hausse des mariages. Beaucoup préfèrent se marier ou consommer officiellement leur union à l’approche du ramadan, car ils estiment que débuter leur vie de couple avec le mois sacré du ramadan est une bonne manière pour consolider leurs liens tant sur le plan affectif que religieux.
Par ailleurs, certains préfèrent se marier avant le ramadan pour des nécessités pratiques et économiques. Le mariage est une occasion pour éviter de dépenser des sommes faramineuses et inutiles lors des cérémonies de noces. Cet argent pourrait être économisé et utilisé pendant le ramadan à des fins plus profitables à la communauté. Comme par exemple en offrant des repas aux nécessiteux.
Dans la vie de couple, il y a parfois des moments difficiles qui peuvent se terminer par un divorce. À l’approche du ramadan, les familles font tout pour réconcilier les couples divorcés ou juste séparés. Habituellement, on dit à l’épouse de patienter car sa place est dans son foyer. Quant à l’époux, on lui demande de craindre Dieu.

Les dernières sorties dans les jardins

Vu que pendant le ramadan on ne peut ni boire ni manger en journée, les jeunes de la ville ne manquent plus une occasion pour aller passer du bon temps dans les jardins. Les sorties qui ont d’habitude lieu les weekends ont désormais lieu quasiment tous les jours.

Une partie de Monopoly, lors d’une sortie dans un jardin. Photo : Annadjib Ramadane.

On aurait également pu citer comme autre signes annonçant le ramadan : la hausse du prix des denrées alimentaires ou les longs marathons d’excès. Mais bon, Ramadan Karim à tous !

Annadjib.

Étiquettes
Partagez

Auteur·e

fatakaya

Commentaires

Mahmoud Sabir
Répondre

Jolie billet qui nous rappelle les réalités de Ndjaména à l'approche du ramadan.
Merci Annadjib.