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À N'Djaména, le blanchiment de la peau est devenu banal

À N’Djaména, capitale de la république du Tchad, le blanchiment de la peau est devenu une pratique banale, comme dans beaucoup d’autres villes du continent africain.

Le blanchiment de la peau, pratique sans cesse décriée pour ses conséquences néfastes sur la santé de ceux qui la pratiquent, est devenue en quelques années un véritable phénomène de société à N’Djaména. Les produits éclaircissants, ou « ambi » comme ils sont communément appelés ici, se vendent comme des petits pains.

Le phénomène touche quasiment toutes les couches de la société. Riches, pauvres, jeunes et vieux. Bien qu’il est devenu banal, le blanchiment de la peau est un sujet tabou avec différentes causes.

Plaire aux hommes

Lors de ma petite enquête sur le sujet, la réponse qui revient le plus souvent c’est que les N’Djaménoises se blanchissent la peau pour plaire aux hommes. Car il faut l’avouer, à N’Djaména, pour beaucoup, c’est la couleur de peau d’une femme qui fait sa beauté. Les femmes à la peau claire, dites Hamra, sont celles qui rencontrent le plus de succès auprès des hommes. Elles sont présumées avoir plus de chances de se marier, et certaines familles peuvent même par ricochet réclamer une dot considérable contre la main de leur fille.

Complexe d’infériorité

Certains évoquent le complexe d’infériorité comme cause du blanchiment de la peau. La clarté de la peau étant devenu un standard de beauté, les femmes avec une peau d’ébène, mal dans leur peau, vont tôt ou tard se l’éclaircir. Plus étonnant encore, il arrive que même des femmes naturellement « claires » utilisent des produits pour s’éclaircir la peau, ce qui revient à un concours silencieux de beauté où la gagnante sera celle qui, à long terme, aura la peau la plus blanche. Peu importe les risques qui vont avec.

Un sujet tabou

Le blanchiment de la peau est un sujet tabou à N’Djaména. Les jeunes filles se blanchissent la peau sous le regard parfois complice de leur entourage, on se partage des conseils sur quel type de crème utiliser, quelle injection prendre pour détruire de l’intérieur les pigments de la peau et avoir une peau digne d’une métisse ou d’une blanche, sans se préoccuper des dangers de la pratique. Car, selon les médecins, cela cause des boutons, cicatrices, vergetures, mauvaises odeurs (de brûlé) et même des cancers.

Les hommes, présumés cause principale du phénomène, font semblant et n’évoquent que très rarement le sujet. Sûrement pour éviter de se faire traiter de « tapette », car ici un homme qui s’intéresse à ce genre de sujet est très mal vu. Alors qu’il suffirait de discuter sérieusement sur le problème pour faire changer les choses. Car ce ne sont pas tous les hommes qui fantasment sur les femmes à peau claire.

Quant à moi, j’avoue avoir une grande attirance pour les femmes qui savent cuisiner…

Annadjib

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Auteur·e

fatakaya

Commentaires

Mahmoud Sabir
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Excellent article. Mais Annadjib vue que ce sujet demeure tabou, peut-on croiser le bras et voir ce phénomène prendre de l'ampleur sans agir? cela n'est-il pas le fait d'encourager ce phénomène à progresser?

Annadjib Ramadane
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Merci. Je pense aussi que rester passif face au problème ne rien change. Peut être faudrait-il se mobiliser et faire des campagnes sur le sujet pour faire changer les choses...

Abakar Adoum Djizimi
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Un phénomène, qui, sans se donner trop d'effort occupe une place de taille aisément dans la société Tchadienne. Un billet qui mérite d'avoir une place de choix autour des débats animés ça et là dans nos carrefours d'aujourd'hui.
Je pense bien que les causes qui incitent ces jeunes filles aux couleurs ébène qui nous rappellent l'authenticité dans sa splendeur à s'éclaircir la peau sont bien mises à nu.
Pour moi, bien que la consommation de l'acte passe par ces dernières, les hommes, comme vous l'avez souligner ci-haut, sont malheureusement le point de départ de ce phénomène en privilégiant celles dites Hamra au détriment de celles aux couleurs ébène.

Annadjib Ramadane
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Effectivement . Merci du commentaire.

Abaté
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Triste réalité en effet.
Mais que disent les juridictions du pays et la religion sur ce sujet.
PS: moi par contre j'aime les femmes qui savent labourer la terre.

Annadjib Ramadane
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Nos juridictions ne disent rien. J'espère qu'on va prendre l'exemple de ces pays du continent africains qui ont décidé d'aller en guerre contre le phénomène.

ASSITA COULIBALY
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Bonjour Annadjib
merci pour cet article très interessant, je m'appelle Assita et je suis entrepreuneur et blogeuse dans la cosmétique issu des rituels de beauté africaine. Je viens de réaliser 2 articles sur le Tchad, que tu peux découvrir http://quida.fr/
J'aimerais beaucoup échanger avec toi au Sujet du Tchad
A bientôt!