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Y a-t-il une culture numérique au Tchad ?

Ces derniers temps, beaucoup parlent de culture numérique au Tchad. Parfois positivement, pour dire que des compétitions, des formations et des conférences sont mises en place pour la promouvoir, parfois négativement, pour dire qu’elle est faible, ou qu’elle n’existe carrément pas au Tchad.

Alors, qu’est-ce qu’on entend par culture numérique ?

Selon Wikipedia :

La culture numérique est une expression qui fait référence aux changements culturels produits par les développements et la diffusion des technologies numériques et en particulier d’Internet et du web.

Tout ça pour dire que la culture numérique renvoie aux connaissances et aptitudes en matière de technologies digitales et, aussi, au fait d’en saisir tous les enjeux.

Sachant que la culture numérique implique l’appropriation des outils numériques et le changement de notre perception du monde via la compréhension de leurs enjeux, peut-on vraiment parler de culture numérique au Tchad ?

Une appropriation encore faible des outils numériques au Tchad

On parle ici de l’utilisation des outils numériques et de la maîtrise des aptitudes techniques qui vont avec, comme le codage, la programmation, la maintenance…

Or, pour rappel, selon le rapport sur le digital en Afrique de 2018, sur près de 15 millions d’habitants au Tchad, seul 5% utilisent Internet.

Sachant que, par définition, la culture est ce qui est partagé par une pluralité de personnes, et que la culture numérique est étroitement liée à internet, on peut, au regard de ces chiffres, affirmer qu’au Tchad, la culture numérique est d’abord celle du petit nombre.

  • De l’utilisation des outils numériques au Tchad

Pour revenir à l’utilisation des outils numériques, il faut rappeler qu’au Tchad, 89% des connexions Internet se font via mobile. L’outil numérique le plus utilisé au Tchad, c’est le smartphone. Quant à l’usage des réseaux sociaux, on a près de 300.000 utilisateurs, soit à peu près la moitié du nombre des internautes tchadiens. Et vu que la grande partie des internautes tchadiens confondent internet et réseaux sociaux, on est en droit de se demander si au Tchad, tout ce qui est « culture numérique » ne se résume pas, en réalité, aux réseaux sociaux.

Quant à l’ordinateur, il ne sert qu’à regarder des films, écouter de la musique, jouer et utiliser des applications basiques comme Microsoft Word et Excel.

  • De la maîtrise des aptitudes techniques liés aux outils numériques au Tchad

Au Tchad, toutes les disciplines qui sont liées de près ou de loin aux outils numériques ne sont transmises qu’à l’université. Et même là, les cours laissent à désirer puisqu’on continue de dispenser des enseignements devenus caduques. La pertinence d’un cours sur le langage Turbo Pascal* serait difficile à démontrer aujourd’hui.

Alors que, normalement, pour inculquer et promouvoir la culture numérique il faudrait commencer à en parler dès l’école primaire. Ce qui sera très difficile sans une politique précise du gouvernement à ce sujet.

En attendant, les tchadiens qui se lancent dans le numérique sont pour la plupart des autodidactes et les différentes formations payantes ou gratuites organisées ici et là ne sont guère suffisantes pour changer la donne.

Une compréhension encore faible des enjeux de la culture numérique au Tchad

Les enjeux de la culture numérique sont encore mal appréhendés au Tchad. Ailleurs, le numérique change complètement la façon d’apprendre, de penser, de communiquer, de se soigner, de faire des achats… Au Tchad, on préfère couper internet dès qu’il y a contestation car les enjeux politiques du numérique sont certainement ceux que l’on comprend le mieux ici.

En attendant, si vous résidez à N’Djaména et êtes intéressés par la question du numérique au Tchad, j’ai appris que dans le cadre du Novembre Numérique, on organise durant tout le mois de novembre différents ateliers et conférences sur le sujet.

Même si, dans notre contexte, organiser des conférences sur la BlockChain et le Bitcoin, c’est comme mettre la charrue avant les bœufs – beaucoup ne savent même pas ce qu’est un hashtag – il faut quand même y aller, car avant tout, on parle de culture numérique.

Annadjib

*Un certain type de language de programmation.

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Auteur·e

fatakaya

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