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À N'Djaména, il n'y a pas de monnaie

« Il n’y a pas de monnaie ». Depuis quelques mois, cette phrase est devenue récurrente à N’Djaména.

Pas de pièces, pas de petites coupures. Trouver de la monnaie est devenu un véritable problème à N’Djaména. Les commerces disent ne pas en avoir et ne servent que ceux qui en ont, ou bien ils vous servent et gardent avec eux votre billet jusqu’à ce que vous achetiez plus, pour en sorte que vous l’ayez complètement dépensé.

Quant aux transporteurs publics, ils sont plus ou moins capricieux. Parfois il y a une ralonge de 50 FCFA sur le prix du transport de la personne qui ose sortir un billet sans avoir prévenu… avec insultes si affinités. Et en fin de journée c’est : soit vous avez de la monnaie et vous prenez le transport, soit vous dégagez. Et pas la peine de discuter ni même de supplier.

Alors, où est passée la monnaie ?

Depuis un moment, cette question alimente les discussions dans les quartiers, bureaux et transports publics.

Les économistes et autres personnes ayant quelques notions en économie, feront certainement un parallèle entre la crise économique qui secoue le pays et la diminution du flux d’argent en circulation. Le N’Djaménois lambda, non instruit et rempli de préjugés, quant à lui, a réussi à trouver des réponses à cette question, réponses plus ou moins tirées par les cheveux, mais des réponses quand même.

La faute aux jeux de hasards

Ces derniers temps, j’ai souvent pris les transports en commun. À chaque fois que quelqu’un dans le bus ou le taxi se plaint du problème de manque de monnaie, il y a toujours quelqu’un qui donne cette explication : « c’est la faute aux jeux de hasards ».
Selon les usagers, les jeunes (qui en sont devenus accros) ramènent là bas toutes les pièces qu’ils trouvent. Et plus encore, les chinois qui sont présumés êtres les cerveaux de l’affaire, envoient toutes les pièces qu’ils peuvent récupérer en Chine car selon les usagers, c’est « une richesse chez eux ».
S’en suit la plupart du temps de longs réquisitoires contre les chinois. Ils sont traités de « voleurs d’ânes », « voleurs de grenouilles » et même responsables du manque de pluies. Sacrés chinois !

Mais d’autres, plus réservés, pensent que c’est parce que beaucoup de grands commerçants préfèrent garder leur argent chez eux.

Les commerçants tchadiens n’ont pas confiance dans les banques

Même si ça change petit à petit, il est vrai que beaucoup de commerçants tchadiens ne gardent pas leurs sous en banque. Parfois par manque de confiance, parfois pour raisons réligieuses, car pour beaucoup, la banque c’est illicite. Un ami me confiait que dans leur quartier, ils ont une grande commerçante qui garde tous son argent chez elle. Elle aurait même des bassins remplis de pièces équivalent à 500.000 FCFA. C’est pratique car les termites ne peuvent pas ronger les pièces, et on imagine mal un bandit dérober un bassin rempli de pièces et pesant près de 30 kilos !

Quoi qu’il en soit, pour l’instant à N’Djaména, les banques ne manquent ni de monnaie ni de petites coupures. C’est peut-être quand elles en manqueront aussi qu’il faudra vraiment s’inquiéter.

Annadjib

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fatakaya

Commentaires

Eléonore
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La raison évoquée pour justifier ce manque est assez drôle. À Lomé il y a un problème de monnaie mais pas aussi grave.